“ César “

Centre Georges Pompidou, Paris (exposition du 13 décembre 2017 au 26 mars 2018)

Il y a 20 ans mourait, l’un des plus illustres et des plus méconnus artistes de son temps, César. Loin d’être l’homme des « Fers soudés », « Compressions », « Empreintes » et « Expansions », César était resté attaché à une idée de la sculpture peuplée d’un bestiaire et de figures humaines qu’il voulait à l’égal de celles des maîtres admirés.

Moderne, César l’avait été à l’instar des “ Nouveaux Réalistes “, rejoints en 1960. Guidé par la seule logique du matériau et attaché à incarner son temps, il rejouait son œuvre en gestes novateurs et décisifs qui firent sa notoriété. Métamorphosant le langage et la pratique de la sculpture, il revenait toujours aux techniques inventées lorsque, sans le sou, il soudait fragments et déchets de métal récupérés. Portées par la mythologie du récit de leur conception, Le Poisson, La Vénus de Villetaneuse, La Ginette en étaient les icônes.

De cette opposition entre un faire artisanal et une pratique fondée sur le pouvoir de la machine, César fit une dialectique ouvrant ce que son ami Raymond Hains appelait des « chantiers », y revenant sans cesse, s’inventant des outils et poussant plus loin sa curiosité.

César, devant ses « Enveloppages » de feuilles de Plexiglas, ses « Championnes » faites de carcasses de voitures accidentées, devant sa « Suite milanaise » de voitures neuves compressées et laquées, se nourrissait de ses expériences.

Né dans le Paris de Saint-Germain-des-Prés et de Montparnasse de l’après-guerre, son œuvre était une perpétuelle remise en question, dans une veine n’ignorant rien de celles de Picasso, Germaine Richier, Giacometti… Les moments décisifs auront été rythmés d’œuvres pérennisant une idée du métier que César lui-même avait contribué à faire disparaître. De cette complexité, reste une œuvre magnifique et inimitable que se propose de présenter le Centre Georges Pompidou.