Château de Tarascon, Bouches-de-Rhône
Le château de Tarascon, qui abrite un centre d’art, est situé en bordure du Rhône. Par son état remarquable de conservation, ce site d’exception est un des plus beaux châteaux médiévaux de France. Venue évangéliser la Provence, la sœur de sainte Marie-Madeleine, Sainte Marthe, y trouva nous raconte la légende un monstre qui ravageait le pays : la Tarasque.
Sainte Marthe, guidée par le ciel, ne tarda pas à exorciser la bête affreuse qui se jeta de dépit dans le fleuve. Le comte de Provence, le roi René, qui aimait fort son château de Tarascon mais aussi les fêtes populaires institua en 1469 deux cérémonies destinées à commémorer cet événement. Il tint à les présider en personne. Au cours de la première procession, huit jeunes gens, dissimulés sous une carcasse géante, représentaient la Tarasque en colère et parcouraient la ville en renversant tout sur leur passage. La seconde procession montrait elle le monstre vaincu mené en laisse par une jeune fille… Le comte de Provence devait encore en 1474 fonder l’ordre des « chevaliers de la Tarasque » dirigé par un « abbé » et chargé de célébrer des jeux auxquels participaient les diverses corporations de la ville (portefaix, archers, forgerons, mariniers, etc). On jouait à faire des farces aux jeunes filles. Le roi était réputé pour ne point être insensible aux charmes féminins. Il avait commis l’aimable imprudence d’épouser en seconde noces Jeanne de Laval, âgé de 22 ans alors qu’il en avait 47… Le jeu de l’esturgeon, célébré par les mariniers, consistait à arroser copieusement la foule. Certaines épreuves avaient du reste une signification symbolique bien dans l’esprit de la tradition médiévale.
Le château actuel a remplacé des édifices antérieurs tour à tour ruinés par les Sarrasins, reconstruits par les rois d’Arles, remaniés à nouveau en 1233, agrandis et embellis en 1290 par Charles d’Anjou. En 1368, le château de Tarascon fut assiégé par Du Guesclin qui ne put d’ailleurs s’en emparer que grâce à une trahison. En 1400 le neveu de Charles V, Louis II d’Anjou, le fit réédifier de fond en comble avec le concours de l’architecte Robert, aidé de de Beaujeu et Morel. Dès 1403 le pape benoit XIII y fut reçu. Le fils de Louis II, le roi René, séjourna souvent à Tarascon et acheva les travaux en 1449. Au cours de cette période, il y reçut son cousin et ami, Charles d’Orléans, dont il partageait les gouts littéraires. Il y donna des fêtes splendides que son chambellan, Loys de Beauvau, décrivit dans un poème adressé à Louis de Luxembourg et intitulé le « pas d’armes de la bergère » dont l’héroïne était « une gente pastourelle… sous un arbre gardant ses brebiettes ».
A la mort de René d’Anjou, ses domaines revinrent à la couronne de France et le château perdit de son importance. Il accueillit cependant les souverains au cours de leurs voyages en Provence. A titre d’exemple, François 1er y séjourna en 1516 et Charles IX en 1564. Richelieu y séjourna lui en 1642 au cours de l‘arrestation de Cinq-Mars et de son ami de Thou.
Alphonse Daudet devait faire de Tarascon un des hauts lieux de l’humour en créant son Tartarin. On se souvient des mésaventures du pauvre homme, avec son cher ami, le prince Grégory du Monténégro… Ce dernier « avait passé trois ans à Tarascon et comme Tartarin s’étonnait de ne l’avoir jamais rencontré au cercle ou sur l’esplanade : « Je sortais peu… » fit l’altesse d’un ton évasif. Tartarin apprit par la suite les raisons de cette retraite : A Alger, le prince pris en flagrant délit d’escroquerie est enfermé pour 5 ans à la prison de Mustapha. « Son altesse a déjà fait 3 ans de maison centrale… A Tarascon », affirme d’ailleurs le commissaire de police. « A Tarascon ! s’écrie Tartarin subitement illuminé. C’est donc ça qu’il ne connaissait qu’un côté de la ville… »
Le château de Tarascon eut fort à souffrir de la période révolutionnaire. Utilisé comme prison du 18e au début du 20e, il fut classé monument historique sur les instances de Prosper Mérimée avant d’être en 1926 acquis par l’Etat. Le Château a depuis été restauré par les soins des monuments historiques et a retrouvé son état primitif. Il abrite désormais le Centre d’art René d’Anjou, visité par des milliers de personnes chaque année.
