A l’ombre de la forteresse de l’Emperi
Prolongeant le rocher sur lequel il est puissamment campé, le château de L’Emperi domine la ville de Salon de Provence et sa mosaïque de toits de tuiles romaines. En dehors d’un bâtiment du XIIe siècle il fut reconstruit de 1219 à 1220 par l’archevèque d’Arles Hugues II. On note l’absence de tours sur le coté de la forteresse. Le rocher sur lequel elle est juchée constituait une défense suffisante pour résister aux assauts de l’ennemi.
C’est à l’Emperi que meurt en 1459 le Cardinal Louis Alleman archevêque d’Arles. Son existence fertile en évènements mais pieuse et remplie de bonnes œuvres lui vaut en 1527 d’être béatifié.
Il avait en 1431 présidé le concile de Bâle chargé de la Réforme de l’Eglise. Il n’avait pas tardé à entrer en conflit ouvert avec Eugène IV.
Le pape transféra en 1437 l’assemblée à Ferrare mais le cardinal d’Arles, ainsi qu’on l’appelait à l’époque, refusa, ainsi qu’un certain nombre d’évêques, de se soumettre à l’autorité pontificale. Il fit élire Amédée de Savoie, qui prit le nom de Félix V, et fut le dernier antipape de l’histoire. Finalement l’élection à la mort d’Eugène IV, en 1447, de Nicolas V, pape lettré, ami des arts et plus conciliant que son prédécesseur, mit fin au schisme. Félic V se démit de la tiare et rentra dans le collège cardinalice ainsi que l’archevêque d’Arles qu’Eugène IV avait auparavant déchu de sa dignité.
Le château de l’Emperi remontait au Xe et XIe siècles, époque où le royaume d’Arles était terre d’Empire. La seigneurie passa en 1142 aux archevêques d’Arles qui la conservèrent jusqu’à la Révolution française.
L’édifice actuel remonte dans ses parties les plus anciennes au XIIe siècle. Il fut agrandi au XIIIe siècle et embelli au XVe et XVIe siècle. Il servit de résidence de campagne aux archevêques d’Arles successifs, dont Monseigneur de Grignan, oncle par alliance de la fille de madame de Sévigné qui appréciait fort « le vrai mérite, la rare vertu, le grand esprit et le cœur parfait de ce grand prélat ». Le dernier archevêque d’Arles à habiter Salon fut Monseigneur du Lau, député du clergé à l’assemblée constituante, où il se distingua par ses attaques acharnées contre les « idées nouvelles » du XVIIIe siècle. Il devait périr, en septembre 1792, lors du massacre des Carmes.
Après l’épisode révolutionnaire, la forteresse de l’Emperi servit successivement de prison, de noviciat et de caserne à partir de 1831. Les bâtiments, endommagés en 1909 par un tremblement de terre, furent restaurés par la suite. Il abritent depuis 1926 le musée du vieux Salon.
Mais peut-on quitter Salon sans évoquer le souvenir de Nostradamus, médecin astrologue favori de Catherine de Médicis et auteur des prophétiques « Centuries » ? On ignore les relations qu’il entretenait avec la forteresse, mais on peut encore voir dans la ville la maison où il vécut et où en 1566 il mourut.
A noter que la ville de Salon fut aussi la patrie de Adam de Craponne, célèbre ingénieur du XVIe siècle a qui l’on doit le canal qui irrigue encore aujourd’hui une partie de la Crau et fertilise la région du Var.