La saga Lesage, manufacture de broderie
L’histoire de la dynastie Lesage débute dans les années 1880, lorsque Adèle et Gustave Lesage s’installent à Paris. Leur fils, Albert, y naît en 1888.
Il est d’abord commissionnaire dans une société de commerce extérieur, puis est engagé comme directeur-modéliste dans un grand magasin aux USA. Celui-ci revient à Paris en 1922. Il a alors 34 ans et envisage une nouvelle carrière.
A cette époque, et depuis près de 60 ans, le grand nom de la broderie parisienne est celui de Monsieur Michonet qui fournit aussi bien la haute-couture que le monde du théâtre. L’âge venant, il cède son commerce florissant à Albert Lesage, qui hérite également des fabuleuses archives du vieux brodeur… La couturière Madeleine Vionnet, cliente de Michonet, a engagé une jeune dessinatrice, Marie-Louise Favot. Elle est chargée par Vionnet de surveiller l’exécution des dessins de broderies : la rencontre inéluctable entre elle et Albert est synonyme de coup de foudre. Celui-ci se conclura par un mariage. Marie-Louise sera l’âme de la maison Lesage pendant prêt de 50 ans et mère de 3 enfants : Jean-Louis, Christiane et François.
François s’avère, lui aussi, doué pour le dessin. Passionné par le monde de la broderie, il apportera à celui-ci des innovations décapantes grâce à la maîtrise de sa technique, ses idées révolutionnaires, l’emploi de matériaux inusités et une extrême fantaisie alliée à la plus grande rigueur. Il séduira ses clients avec un charme auquel nul ne saura résister. Son fils Jean-François, passionné par l’architecture d’intérieur et les arts décoratifs, voulait tout d’abord être commissaire-priseur, mais les textiles anciens découverts lors de ventes à Drouot lui ouvrent d’autres horizons. Celui-ci se rapproche alors de la tradition familiale. Après un voyage en Inde, décisif pour son avenir, il se lance alors dans la broderie d’ameublement et en devient le spécialiste reconnu. Pas un décorateur et architecte d’intérieur ne fait carrière sans avoir recours à ses talents. Jean-François Lesage s’impose en effet comme non seulement le fournisseur mais aussi le partenaire créatif des plus grands, des arts décoratifs à la haute-couture.
Il tient notamment les rênes d’un très ancien atelier de broderies racheté à Paris par François Lesage, séduit par le savoir-faire des brodeurs comme par la richesse du fonds documentaire qui court du XVIe siècle jusqu’aux années 1950. Ce millier de pièces d’archives est pour lui plus qu’une extraordinaire source d’inspiration. Il est aussi une mine d’informations pour comprendre la qualité et la minutie de ce que l’on faisait autrefois. Il observe les effets de l’oxydation et la patine d’une matière, des fils d’or ou d’argent par exemple, pour oser certains mélanges de couleurs que les artisans de l’époque n’hésitaient pas à tenter.
Fasciné par l’Inde, il y retourne avec un de ses associés. Ils découvrent les techniques de broderie des ateliers indiens, identiques à celles qu’emploient les brodeurs français. Ce constat est à l’origine de ce qu’est aujourd’hui la manufacture de broderie Jean-François Lesage, dont les ateliers sont depuis plus de 10 ans basés à Madras.