« Marche et démarche. Une histoire de la chaussure. »
Musée des Arts décoratifs, Paris (exposition du 7 novembre 2019 au 22 mars 2020)
Cette nouvelle exposition du Musée des Arts Décoratifs de Paris, intitulée « Marche et démarche. Une histoire de la chaussure », s’intéresse à cet accessoire indispensable du quotidien en visitant les différentes façons de marcher, du Moyen Âge à nos jours. Le thème de cette exposition est né lors de l’analyse dans les collections du MAD d’un soulier ayant appartenu à la reine de France Marie-Antoinette. Cet objet interpelle par ses dimensions : 21 cm de long sur 5 de large. Comment se peut-il qu’une femme, âgée alors de 37 ans, puisse glisser son pied dans un tel soulier ?
La recherche dans les textes de l’époque révèle que les dames de l’aristocratie au 18e siècle marchaient finalement peu dans un univers urbain assez hostile. Les femmes d’alors portaient donc des souliers pour ne pas marcher… Comment les femmes adeptes du culte du petit pied ont-elles pu concilier idéal de beauté et mobilité ? Quelles particularités des chaussures du quotidien permettent une marche aisée ? ET quid des enfants ? Quels sont les détails techniques au fil des siècles qui ont apporté plus de confort aux souliers ?
L’exposition du MAD s’ouvre sur une analyse de la façon de marcher au quotidien tant en Europe qu’en Afrique, en Asie ou en Amérique. Du 15e au 19e siècle on constate que certains facteurs environnementaux viennent contraindre la marche, imposant l’usage de souliers adaptés. A titre d’exemple, sous l’Occupation en France, les pénuries engendrent la fabrication de semelles en bois. Celles-ci entraînent une démarche saccadée et bruyante.
Le fétichisme n’est pas en reste avec des chaussures élégantes de cuir aux talons vertigineux et des bottes lacées très haut. Dans le 19e siècle européen et bourgeois, elles évoquent le fantasme notamment de la part de clients de maisons closes pour la contrainte et la démarche entravée.
Plus proche de nous, en 2007, le célèbre bottier Louboutin demande au réalisateur David Lynch de photographier les danseuses du célèbre Cabaret « Crazy Horse » portant des souliers à talons démesurés dans un univers résolument fétichiste. Au-delà d’une approche sur la chaussure comme simple accessoire de mode, l’exposition du MAD jette donc un regard nouveau sur un accessoire que l’on enfile tous les jours mais que l’on interroge finalement assez peu. Fruit de fouilles archéologiques ou création contemporaine, objet pratique ou objet de fantasme, la chaussure est ici présentée sous toutes les coutures et toutes les latitudes.