L'hôtel Bétune-Charost, 39 rue du Fbg-Saint-Honoré 75008 Paris
En 1720, le duc de Charost commande les plans de son hôtel à l’architecte Mazin sur le faubourg Saint-Honoré qui est alors le nouveau quartier à la mode. En 1803, Pauline s’investissait avec un soin particulier à remettre au goût du jour sa nouvelle demeure, tandis que les collections de son mari, le prince Camillo Borghèse, en étaient la parure. Le 24 octobre 1814, le duc de Wellington, au nom de sa majesté britannique, signe l’acte d’acquisition de l’hôtel de Béthune-Charost ancienne résidence impériale de Pauline Borghèse. Pour la première fois dans l’histoire des résidences diplomatiques, un gouvernement se porte acquéreur de l’immeuble de son ambassade.
Depuis, les ambassadeurs de Grande-Bretagne, dans une succession ininterrompue jusqu’à nos jours, ont marqué avec panache leur séjour. Les Stuart, Granville, Lyons et autres ont préservé et embelli le grand salon vert et or, les salons bleu, jaune ou rouge, la « Duff Cooper Library », la salle du trône, la véranda, le jardin… Le génie des hôtes a été de fondre leur mémoire dans celle des lieux, de manière à rendre un délicat hommage à l’inspiratrice de la demeure, Pauline, sœur cadette de l’empereur Napoléon.
Le porche du faubourg, marqué aux armes et à la devise de la Couronne britannique, a vu passer un nombre infini de célébrités artistiques ou politiques. On y vit ainsi la reine Victoria, Madame de Staël, Juliette Récamier, Oscar Wilde ou encore Marcel Proust. Les monarques et leur famille y sont chez eux. Ici furent célébrées les noces des parents de Winston Churchill ou encore d’Hector Berlioz et Harriet Smithson, en 1833, avec pour témoin de leur union Liszt, déjà habitué de l’ambassade, en tant que professeur de musique des demoiselles Granville. Inspiré par la beauté des lieux, la romancière Nancy Mitford écrira « The Blessing » puis « Don’t tell Alfred ».
Les lieux en question se distinguent par un ensemble décoratif de la plus haute qualité. On retiendra notamment la salle du trône. C’est ici que l’ambassadeur, au nom de Sa Majesté la reine d’Angleterre, investit ceux qu’elle a choisi d’honorer. Le baldaquin est le dernier vestige d’une tradition selon laquelle l’ambassadeur recevait avant de partir en mission un drap d’honneur en damas rouge cramoisi, une chaise, deux tabourets, un tabouret de pied et un tapis. Les armoiries de la Couronne, appliquées sur le dais, dateraient du 18e siècle. Placé à droite du trône, figure un portrait de Victoria peint par Hayer.
Dans l’antichambre du premier étage, figure un portrait de Pauline Borghèse peint par Lefèvre. Exécuté en 1808, ce tableau fait partie des portraits officiels napoléoniens exposé à Saint-Cloud. Après Waterloo et l’occupation de la capitale, il fut acquis comme butin de guerre et transféré en Prusse avant d’être réintégré en 1978 à la décoration.