“Brassaï : Pour l’amour de Paris”
Hôtel de Ville de Paris (exposition du 8 novembre 2013 au 8 mars 2014)
La Ville de Paris poursuit avec Brassaï son exploration de la capitale à travers le regard de ses plus grands photographes. L’exposition “Brassai : Pour l’amour de Paris” relate l'histoire exceptionnelle d'une passion pour Paris qui anima pendant plus de 50 ans le photographe Brassaï.
Gyulus Halasz, dit Brassaï, est né en 1899 en Transylvanie. Il vient tout juste de fêter ses 4 ans lorsque son père, professeur de littérature, l’embarque avec lui à Paris. Celui-ci est en effet invité à passer une année sabbatique dans la ville des Lumières. Cette période restera à jamais gravée dans la mémoire du jeune homme comme une année d'enchantement miraculeux.
Cette fascination pour Paris amènera le jeune Brassaï à retrouver en 1924 la capitale française après ses études d'art à Berlin. Il va rapidement y rencontrer Desnos et Prévert. Ceux-ci l’intègrent rapidement dans le milieu des artistes et intellectuels qui font la renommée des Années Folles à Montparnasse et l'introduisent dans la nébuleuse surréaliste.
Sa pensée s'attache insensiblement à transformer le réel en un décor irréel. Brassaï recherche ainsi les objets les plus ordinaires pour en détourne le sens. Il ose les juxtapositions insolites et modifie la perception du réel en le sortant de son contexte. C’est comme cela que naîtra, à partir de 1929, sa quête obstinée des graffitis.
A la même époque, Brassaï s’attache à traquer dans la lumière nocturne de la ville un Paris insolite, ignoré et méprisé. Au fil de ses longues déambulations, seul ou accompagné de Miller, Cendrars ou Prévert, il rend visibles les prostituées des quartiers “chauds” et les travailleurs de la nuit aux Halles. Le photographe transforme la rigueur classique de l'architecture parisienne en scènes étranges. Il fixe l'insolite beauté des silhouettes fugitives, des brouillards sur la Seine et des illuminations aveuglantes.
En 1932, Picasso impressionné par son travail, lui confie la mission de photographier ses sculptures jusqu'alors inconnues. Celles-ci doivent être publiées dans le premier numéro d'une nouvelle revue d'art désormais fameuse « Le Minotaure ». Les deux artistes se découvrent des goûts communs pour le cirque, pour l'atmosphère féminine et dénudée des Folies Bergères ou pour les fêtes foraines dans lesquelles règnent cartomanciennes et diseuses de bonne aventure.
Arpenteur infatigable du Paris nocturne, Brassaï n’est pas insensible aux charmes de la capitale dans la lumière du jour. Il propose ainsi une vision tout à fait personnelle du jardin du Luxembourg ou pour les berges de la Seine qu’il parcourt à la rencontre des amoureux, des pêcheurs à la ligne et des sans-abris.
Il passe volontiers d'un quartier à l’autre dévoilant les activités spécifiques de chacun d’entre eux. S'il documente volontiers la vie réelle de ces espaces, il sait capter en effet "l'esprit" de chaque quartier de Paris tels que la foule élégante de la rue de Rivoli, les badauds devant les magasins des Grands Boulevards, les charbonniers le long de la Seine à Bercy, mais aussi la majesté des monuments prestigieux dont notamment Notre-Dame et ses gargouilles qu'il traque de jour comme de nuit.